Infection: 6 ( le final )

    L'équipe n'eut pas le temps de calfeutrer la porte de la salle d'opération. Une serrure n'allait pas arrêter l'essaim d'insectes affamés.

    A ce moment là, notre jeune infirmière regretta que les portes ne soient pas équipées de loquets, mais de bonnes vieilles clés. 

    Une bestiole pénétra dans sa bouche, ouverte sur un cri effrayé.

    La vieille femme charitable fut piquée sur les avant-bras, et constata que les insectes ne se contentaient pas de mordre ou de planter leur dard dans la chair, mais qu'ils s'infiltraient sous la peau, et remontaient jusqu'à son aisselle. Dans la panique, elle se débattit vainement, et appela à l'aide.

    Personne ne vint l'aider. Tous les témoins du drame avaient eux aussi leur combat à mener.

    Des cloques poussaient sous leur peau, signe funeste: quand un seul cocon, après quelques heures d'incubation, avait permis l'éclosion d'un millier de créatures, combien naîtraient de plusieurs dizaines d'oeufs ? La propagation était redoutable.

    Les humains contaminés avaient dans les yeux cette lueur de folie qui s'était emparée de monsieur Tout-le-monde, quand il s'était planté le scalpel dans l'oeil, ou du docteur Arnot, lorsqu'il s'était versé de l'acide sur la jambe.

    Ils étaient habités par un parasite dont le venin infectait l'âme.

    Ils n'étaient plus maîtres de leurs gestes. Dans leur désir effréné de se libérer de cet hôte malsain, ils étaient prêts à sacrifier leur vie. Cela suffirait-il ?

    Les corps s'affaissaient, mais tapis sous les chairs, la nouvelle portée, indénombrable, finissait sa gestation, trop rapidement pour que la race humaine, au-dehors, insouciante encore, puisse survivre à cette attaque des insectes.

    Les corps infectés étaient désormais des garde-manger pour la nouvelle espèce qui, d'ici vingt-quatre heures, dominerait le monde.