Drapés dans un suaire de pauvreté,
Les Gueux mendient une place au Paradis.
Expulsés et lépreux n'ont que leurs yeux
Pour pleurer sur la beauté inaccessible
Des parures somptueuses, luxueuses,
Avec sur les lèvres la saveur inconnue
De la bonne chère qui n'est pas pour eux.
Goûteront-ils à la joie d'un estomac repu,
Les membres délassés, sains, dans un drap d'or ?
Faut-il attendre la mort pour être bien ? Et souffrir encore ?
L'atour princier recouvre la royauté vicieuse,
Tandis que se repaissent les gorges les plus hardies
Pour entériner une hiérarchie désuète,
Qui profite aux riches, quelles que soient leurs envies.
Ce monde médiéval a-t-il disparu ? En es-tu bien sûr ?
Les sermons ne prêchent-ils pas que le meilleur est à venir,
Pour peu qu'on subisse docilement le joug de la naissance ?
Naître pauvre, aujourd'hui, est aussi toxique qu'avant.
C'est le lot quotidien de bien des bonnes gens.