Temps bleuté, heureux,
sous le pourpre des ramures
incendiées par le feu
de l'automne passager.
L'air est frais pourtant.
Buée sur les lèvres,
sourire au coin des yeux.
L'humeur est à la fraîche
et baisse sa garde,
abandonnant l'armure
de détachement cynique
qui accompagne les pas
citadins des silhouettes hagardes.
Dans les campagnes,
l'on oublie les statistiques,
les soucis et les enjeux.
Une feuille rouge brique,
virevoltant dans ce ciel électrique
annonce le repos hivernal.
Il faudra bien se faire au silence.
Ecouter son pouls régulier,
quand la nature s'endormira.
Le temps viendra alors
de cesser tout bruit,
de s'immerger dans la vague
de renouveau,
qui guette
notre monde régénéré,
rêvant au printemps.
Les bleus du coeur guériront.
Le feu de l'âme deviendra neige.
Ainsi passent les heures.
Tout cycle vit, puis meurt.
Le bonheur est éphémère.
Ah, entendre crisser sous ses pas
les chevelures flamboyantes
des chênes royaux !
L'instant ne dure pas.
Apprécions le soleil,
la fraîcheur,
la lumière,
avant le soir.
Carpe diem,
dit le poète.
Il a raison.
Les cauchemars viennent du noir.
L'obscurité tue les couleurs,
à l'image du malheur.