Cerises ( 2 )

    Un soupir de bien-être lui échappa lorsqu'elle s'étendit de tout son long au milieu des vestiges de son déjeuner frugal, partagé avec les oiseaux. Elle se moquait d'être tachée d'une myriade de petites touches sombres et léchait ses blessures sucrées, comme une gamine.

    Enfin, elle se résolut à rentrer. Les petits n'allaient pas tarder à réclamer leur miel fleuri, et leur confiture tiédie de figues. Il fallait qu'elle s'accorde une toilette, aussi. Elle releva les points de ses seins et redressa son corps épanoui, revêtue de sa longue chevelure, dorée comme les blés. Elle en était fière, de son rideau de perles d'or, comme de cet accent chantant qu'elle avait acquis à vivre sous le chaud soleil du midi.

    Elle se mit à fredonner un air ancien, du temps de sa grand-mère, tout en répandant la mousse du blond savon de Marseille sur sa peau café. Elle se sentait bien, sous le filet d'eau fraîche qui épousait la courbe de son dos pour s'attarder au creux de ses reins. C'était une belle femme, plantureuse, éprise de grand air, qui s'épanouissait sous le soleil méditerranéen.

    Elle se prépara enfin à aller réveiller Nicolas et Julie. Son aîné avait déjà sept ans, et l'adorable gamine en aurait bientôt trois. Ses enfants étaient sa joie de vivre.