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Nous offrons la vie à nos enfants. Mais leur destin nous échappe. Le cadeau peut être empoisonné...
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C'est mon sein, mon lait, qui fut un poison. Désormais, j'ai éradiqué le mal.
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Ce que tu as fait... c'est ...
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Puni par ton Dieu ? Au même titre que le suicide ?
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Nul n'a le droit de tuer son prochain, ou de se tuer soi même.
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Mon corps ne m'appartient-il pas ?
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Et ton âme ?
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Je n'aurai plus d'enfant. Leur mort ne pèsera pas sur ma conscience.
Tous ses descendants potentiels dont le sort aurait avorté dans l'oeuf ! Il n'était pas prêt à renoncer à ses rêves de paternité. Elle n'en avait pas tenu compte. Nul ne lui avait laissé son mot à dire.
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Je ne comprends pas qu'on t'ait mutilée sans mon accord. Je suis ton mari !
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Ne tombe pas dans le mélodrame. Il n'y a pas eu de mutilation. Nous ne vivons pas chez les barbares.
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Mais une ligature des trompes... C'est irréversible.
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Je ne reviendrai pas sur ma décision.
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Et moi, dans tout ça ?
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Dieu t'aidera.
Dieu merci, il y avait Ludo. Leur premier né. Leur enfant unique.
L'unique enfant de ce couple meurtri par l'impuissance des êtres à accepter que le cours de leur vie soit plus noir que les clichés radieux dont on orne les murs du foyer, pour se persuader que l'on y vit heureux.
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Maman ?
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Oui, mon Ludo.
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Tu crois que Papa acceptera qu'on achète un lapin ? Tout doux ! Tout blanc !